Récapitulatif de la semaine 41
L'INFLATION TOUJOURS AUSSI FORTE…
Les dernières statistiques américaines auraient pu il y a une semaine nourrir un rebond des principaux indices avec la publication des « Non Farm Payroll »… Il n’en fut finalement rien ! Selon l’adage « bad news is good news », l’économie US a en effet « enfin » envoyé un premier signal de faiblesse sur le front de l’emploi… Concrètement, l’enquête NFIB de septembre publiée mardi, a révélé une réduction de la part des entreprises rencontrant des difficultés de recrutement (46% vs 49%), ce qui permettrait de réduire les pressions haussières sur les salaires… et donc d’enrayer la fameuse « boucle prix-salaires ». Si cette détente du marché du travail devait se confirmer, la Fed pourrait alors ralentir le rythme de son resserrement monétaire. Rappelons que le consensus des analystes anticipe désormais un nouveau tour de vis pour le moins restrictif avec 75bp de hausse lors de la prochaine réunion du 2 novembre.
A ce sujet, le chiffre le plus attendu par la sphère financière était probablement le CPI (« Consumer Price Index », un indicateur d’inflation calculé sur un panier de biens et de services aux USA) de ce jeudi, tant celui-ci reste le plus fiable à l’heure d’anticiper le ralentissement de l’inflation… et donc la politique à venir de la Banque centrale américaine. Les prix à la consommation aux Etats-Unis ont, au grand dam des opérateurs, augmenté plus fortement que prévu en septembre… L'indice des prix à la consommation a accéléré de 0,4% le mois dernier… après avoir progressé de 0,1% en août, a ainsi annoncé le département du Travail. Sur un an, il ressort à +8,2%. Les économistes interrogés par Reuters prévoyaient en moyenne pour le mois de septembre une augmentation de 0,2% d'un mois sur l'autre et une hausse de 8,1% en rythme annuel. L'indice CPI, hors énergie et produits alimentaires, plus communément appelé inflation de base ("Core CPI"), a de son côté augmenté de 0,6% sur un mois… Là où le consensus prévoyait une hausse de 0,5%. Sur un an, la hausse du « Core CPI » ressort à 6,6% après un gain de 6,3% en août et un consensus de +6,5%.
Avant cela, la publication des "minutes" de la Fed était venue confirmer qu’un consensus assez clair émane désormais du FOMC : l’inflation est un phénomène durable… qu’il convient de faire revenir au plus vite dans des bornes acceptables. Malgré la stabilisation des prix de certains produits de base (notamment le pétrole), le prix des denrées alimentaires poursuit sa hausse aux Etats-Unis. Autre source de préoccupations, la dynamique en cours sur le segment immobilier continue d’être surveillée de près par les banquiers centraux, l’ajustement en cours des loyers représentant une part importante des hausses de prix constatées. Les analystes s’attendent toutefois à ce que cette hausse ne dure pas plus de quelques mois. La hausse des salaires représente quant à elle une source réelle d’inquiétude au sein de la Fed, du fait de la forte inertie de cette dernière sur les ajustements de coût de la vie, les marges des entreprises, les niveaux de productivité et in fine son impact sur la croissance.
DU RIFIFI AU ROYAUME-UNI
Il n’est jamais bon de voir gouvernement et banque centrale s’écharper sur la place publique… C’est pourtant le triste spectacle offert en ce moment au Royaume-Uni. Nos amis d’outre-Manche ont de nouveau contribué à nourrir l’aversion au risque des investisseurs et notamment leurs craintes de voir les banques centrales incapables de ménager la chèvre (lutter contre l’inflation) et le chou (tensions sur les dettes, ralentissement économique). Des sources officielles auraient en effet affirmé que la Banque d’Angleterre (BoE) serait prête à prolonger ses achats d’obligations au-delà de ce vendredi si les conditions de marché l’exigeaient… Des propos qui s’inscrivent à l’inverse de ceux tenus la veille par le gouverneur, Andrew Bailey, qui a de son côté confirmé que les achats vont effectivement prendre fin à la date initialement prévue le 14 octobre. Un véritable capharnaüm qui n’a pas contribué à ramener de la sérénité au Royaume-Uni. La Banque centrale a de nouveau dû intervenir de manière marquée pour enrayer la montée des taux souverains.
Cette communication erratique ne semble pas du goût du gouvernement… qui tente clairement de forcer la main à la Banque centrale : le ministre des Finances largement décrié depuis sa dernière tentative d’allégements fiscaux, a ainsi publiquement fait porter la responsabilité d’une éventuelle détérioration des conditions de financement si la Banque centrale maintenait sa décision de stopper son programme de soutien monétaire temporaire d’ici la fin de la semaine. L’unanimité ne semble pour autant pas à l’ordre du jour du côté du gouvernement non plus… Puisque selon le secrétaire d’Etat aux Affaires, à l’Energie, et à la Stratégie industrielle, l’agitation sur les actifs britanniques s’explique au contraire par un durcissement pas assez marqué de la politique monétaire ! Aux dernières nouvelles, le marché aurait finalement réussi à faire plier le gouvernement sur ses mesures « non-financées »… Le gouvernement britannique discuterait en effet d'une modification des projets fiscaux présentés le mois dernier (et qui sont à l'origine des premières tensions sur les marchés financiers) et il étudierait notamment quels volets de son plan d'allègements d'impôts sont susceptibles d’être supprimés… A suivre.
Sources : WiseAM, Boursorama, Zone Bourse, Investing, FX Street, All News, Le Monde, Le Figaro, Capital, BBC
Crédits images : Gettyimages
Achevé de rédiger le 13/10/2022