Récapitulatif de la semaine 43
UN DÉBUT D'ÉCLAIRCIE MONÉTAIRE ?
De premiers signes de retournement semblent se matérialiser sur les classes d’actifs… Comme en témoigne indirectement la consolidation du dollar par rapport à l’euro sur les derniers jours (rebond récent de l’euro au-dessus de la parité face à la monnaie américaine !). Si les banquiers centraux américains ne peuvent pas s’exprimer cette semaine (prochain FOMC Meeting oblige), une de leurs anciennes grandes représentantes (et un autre plus officieux…) ont tout de même nourri les espoirs des investisseurs quant à une accalmie sur le front monétaire… et par la même occasion contribué à nourrir le rebond de certains marchés actions.
« Nous avons connu des chocs énergétiques, des chocs alimentaires, des chocs d’approvisionnement, une inflation persistante dans de nombreux pays du monde, une hausse des taux d’intérêt dans de nombreuses régions du monde et nous avons constaté une certaine volatilité des marchés financiers et des préoccupations croissantes en matière de liquidité et de crédit. » Janet Yellen
Au premier abord, difficile pourtant de déceler, même sous antidépresseurs, une once d’optimisme dans la déclaration de la secrétaire d’Etat américaine au Trésor. Sauf que, selon le désormais célèbre (du moins dans la communauté financière…) adage « bad news is good news », les déclarations de l’ancienne présidente de la Fed ont été interprétées comme un signal d’un prochain pivot de la Réserve fédérale… comprendre : une accalmie prochaine du durcissement monétaire qui secoue tant les marchés actions comme obligataires depuis le début de l’année civile. Bien sûr, il reste prématuré d’imaginer nos banquiers centraux rallumer les planches à billets mises au chômage technique cette année. Cette déclaration s’est toutefois ajoutée à un article du Wall Street Journal qui a fait grand bruit dans les salles de marché. Selon ZoneBourse, l’influent journaliste Nick Timiraos, que d’aucuns considèrent comme un porte-parole plus ou moins officieux de la Fed, a ainsi déchaîné les passions des investisseurs en expliquant que la priorité de la Fed pourrait désormais être de ne pas faire « le pas de trop » en faisant imploser la croissance. L’accalmie monétaire ne semble d’ailleurs pas se dessiner que chez nos amis américains… D'autres banques centrales semblent elles aussi infléchir leurs positions, et donc se montrer moins extrêmes dans leur lutte contre l'inflation… ce qui alimente les espoirs des investisseurs évoqués en préambule : hier, la Banque du Canada a relevé ses taux de 50 points de base… alors que le marché misait sur 75 points de base de hausse. Cette nuit, la Banque du Brésil a maintenu le statu quo (comme elle l'avait fait lors de la réunion précédente). Le pragmatisme a-t-il succédé à la panique chez les banquiers centraux ? Une réponse supplémentaire est tombée en ce jeudi après-midi… Un relèvement du taux de refinancement de 1,25 à 2% de la BCE, soit 75 points de base, avait les faveurs des pronostics et l’annonce n’a pas surpris les observateurs. Surtout, l’institution européenne intégrera elle aussi le risque de récession dans ses prochaines décisions… Un premier signe d’un ralentissement potentiel de sa normalisation monétaire. A suivre…
« BUYBACKS » TO BASICS ?
La hausse puissante de la dernière décennie sur les indices du pays de l’Oncle Sam (le S&P 500 dividendes réinvestis a réalisé des plus bas de la grande crise financière en 2009 à la fin 2021 une hausse de 820%, soit 18,80% annualisés !) s’est évidemment construite avant tout sur la croissance des résultats d’entreprises (et l’augmentation quasi constante des taux de marges)… mais également sur deux facteurs de soutien davantage liés à la politique monétaire. D’une part, l’assouplissement monétaire a, au gré de la disparition progressive des rendements obligataires, nourri l’attractivité relative des marchés actions… Le phénomène inverse s’exprimant cette année. D’autre part, les conditions de financement toujours plus souples ont eu un autre effet indirect : les sociétés américaines ont pu, grâce à « l’argent gratuit », financer des programmes de rachats d’actions chaque année ou presque un peu plus massifs. La combinaison du risque de récession à l’un des durcissements monétaires les plus restrictifs de l’histoire contemporaine donne une équation assez simple à résoudre, en apparence, selon les livres économiques… La réponse évidente semble en effet être une chute massive, pour ne pas dire un krach, de ces opérations de « buybacks ». Ce fut notamment le cas de 2008 à 2009, ou le volume de ces « buybacks » sur les entreprises du S&P 500 avait baissé de près de 60% par rapport au plus haut de 2007 (source Bloomberg). En comptabilisant les dernières opérations annoncées aux assemblées générales, l’année civile en cours s’annonce comme… la plus prolifique des 15 dernières années ! Malgré le ralentissement économique auquel sont confrontées les entreprises américaines, la plupart d’entre elles continuent de dégager d’importants « free cash-flow »*… ce qui leur permet de prolonger leurs rachats d’actions sur ces niveaux records… et de profiter de niveaux de valorisations qu’elles considèrent à l’évidence comme attractifs. Comme un signal de l’optimisme de ces entreprises sur les perspectives de leurs activités à long terme… en dépit du durcissement des conditions financières actuelles.
*Free cash-flow : génération de trésorerie (soit après prise en compte de tous les coûts).
Sources : WiseAM
Crédits images : Gettyimages
Achevé de rédiger le 27/10/2022